A boris Pasternak
Dis-tance : des verstes, des milliers...
On nous a dis-persés, dé-liés,
Pour qu'on se tienne bien : trans-plantés
Sur la terre à deux extrémités.
Dis-tance : des verstes, des espaces...
On nous a dessoudés, déplacés,
Disjoint les bras — deux crucifixions,
Ne sachant que c'était la fusion
De talents et de tendons noués...
Non désaccordés : déshonorés,
Désordonnés...
Mur et trou de glaise.
Écartés on nous a, tels deux aigles —
Conjurés : des verstes, des espaces...
Non décomposés : dépaysés.
Aux gîtes perdus de la planète
Déposés — deux orphelins qu'on jette !
Quel mois de mars, non mais quelle date ?!
Nous a défaits, tel un jeu de cartes !
Bourdin
Il avait eu cette grimace de douleur quand le verre s’était brisé.
Je regardais le vin faire une tache rouge vif sur la moquette beige.
Je trouvais cela particulièrement beau. Et je regrettais de ne pas avoir emporté mon appareil photo.
Pour faire une image à la Bourdin.
Wes Anderson- Hotel Chevalier
Ses gestes semblaient emprunts d’une maladresse immature, comme lesté des kilos superflus de l’adolescence. Un corps tétanisé, rigide.
Une lueur de panique dans ses yeux. Animal pris au piège.
Impassible devant une telle agonie, j’oscillais entre le plaisir pervers et la pitié pathétique.
Du pouvoir de délivrance, j’abusais. De celui de vengeance, je jubilais.
Lutte de regards et de niveau de basses dans la voix.
Duel de port de tête, de couleur de carnation, et de régulation de température intérieure.
J’aurais voulu l’habiter quelques secondes pour le remettre sur pied. Ou éviter qu’il ne s‘effondre.